Confinement :

Comment puis je vivre heureuse sans contact physique alors que cela m’est essentiel ?

Bonjour à tous, Namaste comme on dit en Inde

Je vous propose de commencer par prononcer 3 fois le son OM (AUM). Pour cela, plaçons nos mains jointes au niveau du cœur et prenons quelques instants pour nous centrer.

Respirez consciemment. On inspire, OM, cela 3 fois.

On inspire en nous ouvrant tout simplement à la magie de l’instant. On laisse ensuite le souffle circuler librement, naturellement.

Silence – On reste quelques instants en silence en prenant ce temps pour entrer à l’intérieur de soi, s’intérioriser, faire ce chemin vers notre jardin intérieur.

Silence – en percevant la liberté du souffle, le souffle de Vie. Silence – la beauté de cette journée – Silence– la douceur du souffle qui nous parcourt comme une douce vague qui vient caresser nos cellules, Silence, qui vient ouvrir des possibles en nous.

On inspire, on expire.

Bienvenue à chacun, à chacune d’entre nous pour ce moment de partage, ce moment de communion ! Nous pouvons choisir le mot communier ; en tout cas, j’ai envie de mettre ce mot communion car lorsque nous sommes rassemblés sur ces plans, nous sommes vraiment en lien avec l’Essentiel et en cela c’est une communion.

Nous allons prendre un petit temps pour vos questionnements/partages, c’est ouvert. Ces moments où quelqu’un partage quelque chose est tout aussi précieux car, comme je vous le disais lors notre web Yoga hier, lorsque nous posons quelque chose, lorsque nous partageons avec le verbe en début de séance et bien il ne s’agit pas seulement de soi et de notre sujet.

En effet, il y a quelque chose qui nous dépasse, en fait, et qui fait que cela va apporter à tout le monde, que cela va apporter des éléments à chacun et c’est en cela que c’est merveilleux.

Pour ma part, je ne suis pas là pour vous transmettre des enseignements personnels, je suis là pour vous partager ce que je ressens sur l’instant, vous partager aussi les paroles des Sages et ce que je vis en amitié pour vous.

Estelle prend la parole :

«  Je voulais parler du sens du Toucher. Je m’aperçois que je suis quelqu’un qui a besoin de toucher. Par exemple, lorsque j’entre dans un magasin pour acheter un vêtement, je ne peux le faire sans l’avoir au préalable touché, senti sa matière et mon ressenti. Et aujourd’hui, le toucher est au cœur de l’actualité et je me demande comment je vais pouvoir rencontrer ce besoin de toucher les choses, les gens ?

Vais-je pouvoir toucher quelqu’un, lui tenir la main, mettre ma main sur une épaule ?

Que va-t-il se passer demain ? Vais-je être capable de le refaire ? Parce que c’est quelque chose que je fais naturellement et dont j’ai besoin. »

« Éclairages » d’Aline :

Le toucher aimant et au-delà de l’attachement

Oui le Toucher est vraiment d’actualité car avec les règles qui nous sont transmises dans ce contexte de confinement, à savoir garder nos distances, rester au minimum à 1 mètre, voir 2, voir 4 mètres les uns des autres, à ne pas se toucher, ne pas s’embrasser…etc.

C’est une expérience de vie très particulière et, comme tu dis Estelle, particulièrement quand on est, tout du moins dans sa sensibilité personnelle car tout le monde n’est pas pareil, avec une importance capitale du sens du toucher. Je suis comme toi Estelle car j’aime aussi beaucoup toucher et te comprends complètement. D’ailleurs, aujourd’hui, qui que l’on soit on comprends parfaitement ce questionnement. Je crois que c’est une sacrée expérience de vie qui peut nous permettre d’approfondir des choses merveilleuses, encore une fois. Parce que ce qui nous est proposé à vivre n’est jamais pour rien.

Donc ce que je peux déjà partager avec vous aujourd’hui est que le toucher est en relation avec le cœur. En Yoga, il est dit que les sens sont en relation avec les chakras et le sens du toucher est lui relié avec l’énergie du chakra cœur. C’est beau ! Nous le savons bien car lorsque nous aimons une personne, l’envie de le toucher, de le prendre dans nos bras est présente alors que lorsque nous n’aimons pas une personne, par exemple, il y a plutôt l’envie qu’elle garde ses distances, nous n’avons pas envie de contact physique avec cette personne.

Nous percevons cela naturellement même sans connaissance du Yoga. Pour autant, savoir que cela fait aussi partie de la science du Yoga amène une richesse à notre compréhension.

Donc le toucher est en lien avec le chakra cœur et notre cœur, si l’on regarde dans ses différentes dimensions, et notamment celle liée à l’affectif et bien il y a très souvent la présence de l’attachement. Nous avons envie de toucher ce avec lequel nous sommes attachés ; attachés avec le cœur d’un point de vue de l’affectif.

Nous avons besoin de sentir ceux que l’on aime, de les toucher, de les embrasser, de les prendre dans nos bras ; que ce soit nos enfants, notre conjoint, notre amoureux, amoureuse, nos amis etc. Et même si tout le monde n’a pas cette même envie de prendre dans les bras, cela peut passer par l’envie d’une poignée de main, d’une main posée sur une épaule.

Vivre en Amour d’une façon nouvelle

Notre cœur étant souvent en lien avec l’attachement, l’expérience de vie actuelle est peut-être celle de comprendre, d’approfondir le fait ne pas être prisonnier de notre attachement, de notre affectif.

Nous pouvons y voir comme une invitation à ne pas juxtaposer l’Amour avec l’attachement, à ne pas juxtaposer l’Amour avec le besoin de la présence physique, charnelle de l’autre.

C’est un sacré chemin mais c’est un chemin merveilleux ! Et, en tout cas, c’est l’expérience que nous propose la Vie aujourd’hui.

Alors si la Vie nous propose cela aujourd’hui c’est qu’il y a un cadeau à y découvrir, quelque chose à y percevoir. Un exemple avec une fleur, il n’y a pas besoin de la toucher pour la percevoir, il suffit de s’ouvrir à son parfum pour entrer en connexion avec elle.

Autre exemple, lorsque nous contemplons le Soleil, un coucher de soleil, nous n’avons pas besoin de le toucher. Nous ouvrons nos yeux, les portes de l’Âme, qui sont un autre sens et nous recevons la caresse du soleil à l’intérieur de nous. Vous connaissez cela.

Ce sont d’autres façons de vivre en Amour. Je suis sûre que l’aventure qui nous est proposée aujourd’hui est de pouvoir vivre en Amour d’une façon nouvelle.

Cela ne veut pas dire que ça va durer, je ne l’espère pas car j’ai envie, moi aussi, de faire des câlins.

Mais, encore une fois, ici et maintenant soit je refuse : « Je veux toucher des êtres, je refuse de ne pas être dans ce contact par le toucher etc ». Vous le savez très bien, nous en parlons souvent, ce refus va nous mettre en souffrance. En me plaçant dans le non face à ce que la Vie me propose, ici et maintenant, je ne peux alors pas m’ouvrir au cadeau proposé par la Vie.

Je me mets en stress, en souffrance et reste alors concentré sur un seul de mes sens : le Toucher. Nous en avons d’autres, écouter la voix de l’autre ou encore le regarder, plonger dans son regard : c’est une méditation. Nous vivons beaucoup cela lors des séances de Tantra, quelque chose que je connais beaucoup aussi ; ça passe par le regard. Écoutez ! Lorsque nous écoutons le chant des oiseaux, nous ne les touchons pas ; soit nous les regardons voler, soit nous écoutons leurs chants soit les deux et pourtant nous sommes, à ce moment là, en réelle connexion avec eux.

Le merveilleux cadeau de s’ouvrir aux autres sens

Donc, dans les merveilleux cadeaux qui nous sont proposés, en ce moment, il y a aussi, peut-être, celui d’ouvrir les autres sens que celui du toucher. Et si, pendant cette période de confinement, nous arrivions à déployer nos autres sens ? Le goût…certes pas si simple à expérimenter avec l’autre mais il y a aussi l’odorat, la vue, l’ouïe. Si nous nous ouvrons à ces sens en les affinant tous, les laissant se déployer à l’intérieur de nous et qu’ensuite nous puissions garder cela même après cette période; que cela n’aille pas aux oubliettes.

Et que ces sens se rassemblent pour former comme une symphonie dans notre existence, dans notre relation à l’autre, dans notre contact avec le Vivant. Cela aura un impact sur notre façon de toucher, toucher le chat, nos enfants, sur la façon de se toucher soi-même.

Si nous parvenons à créer cette symbiose entre nos différents sens, nous aurons gagné quelque chose d’extraordinaire, de merveilleux !

Et il y a encore un autre sens ! Le sixième sens et d’autres encore mais là j’ai envie d’aborder celui de l’âme. C’est à dire une connexion au-delà de nos sens physiques car lorsque nous arrivons à découvrir cette reliance avec l’âme ; notre âme mais aussi celle de l’autre, l’âme de l’arbre que l’on voit devant soi, l’âme de l’oiseau tout comme l’âme de son enfant, de son conjoint etc….L’ Âme, pourquoi ne pourrions-nous pas dire cela !?

L’opportunité de vivre dans ce monde de changement permanent

Lorsque, au-delà de nos sens, nous arrivons à contacter cela, nous touchons à ce qui ne meurt jamais, c’est une certitude absolue et quelque chose de merveilleux à vivre dans ce monde de changement permanent.

En effet, la Vie est changement, elle ne peut pas rester en place et alors que nous aimerions tellement maintenir les choses telles qu’elles le sont surtout quand on y est bien, nous nous y accrochons sans arrêt. Bon lorsque nous ne sommes pas bien, c’est moins difficile de désirer un changement. La Vie ne reste pas figée ; seul ce qui est mort reste figé.

Si nous regardons bien, si nous percevons l’Existence, nous voyons comme tout est mouvement permanent ; même des galaxies disparaissent, tandis que de nouvelles naissent. Même dans nos cellules, certaines meurent alors que d’autres naissent et même nous les bébés, les enfants que nous étions ne sont plus et sont devenus adultes, etc.

Et un jour, nous quitterons ce corps, un jour ceux que nous connaissons, ceux que nous aimons quitteront leur corps que nous le voulions ou non, que nous l’accueillions ou non, que nous l’acceptions ou non. Mais si l’on arrive à atteindre ce contact subtil du Soi, de l’Âme et que nous arrivons à créer véritablement une union avec ce avec lequel nous sommes en Amour, car c’est bien de ce sujet dont nous parlons aujourd’hui, à savoir de ce avec lequel nous sommes en Amour sur ces plans subtils, alors cela est extraordinaire car cela ne mourra jamais.

Nos sens eux partiront, c’est évident car notre corps physique fait sa trajectoire, son cheminement alors que cet espace à l’intérieur de nous, le Soi, lui est éternel.

Le Soi qui existe dans tout ce qui est Vivant est éternel. C’est le message extraordinaire transmis par tous les Sages, par tous les Êtres divins. Ils nous transmettent tout cela et pourtant, très souvent, nous restons comme accrochés à nos sens.

Le charnel sublimé avec la dimension de l’Âme

Je ne dis pas qu’il ne faut pas goûter à nos sens, j’ai d’ailleurs commencé par une invitation à cela. En ce moment, le toucher n’est pas possible alors accueillons cela comme une opportunité à nous ouvrir à d’autres sens et même à d’autres façons, de plus en plus divines, d’appréhender l’Existence.

Peut-être moins charnelle, bien qu’il n’y ait aucun mal avec la dimension charnelle, bien au contraire. Cependant, lorsque le charnel est vécu avec cette dimension de l’âme, avec cette dimension d’une subtilité absolue, elle nous permet d’être en union parfaite et alors là c’est une danse, une joie, une extase ! C’est cela dont nous parlent les Sages lorsqu’ils évoquent la Félicité, Ananda.

Ananda est la félicité et elle n’est pas exclusive aux Sages mais est réservée à tout être vivant et nous, en tant qu’être humain sur cette planète, c’est notre droit de naissance.

Pour cela, il nous faut accueillir les expériences de vie telles qu’elles nous sont données et découvrir de nouveaux espaces, de nouvelles façons de communier avec le Vivant et avec ce que l’on peut voir, entendre, goûter, respirer, toucher.

Merci Estelle pour ta question.

Restons quelques instants dans le silence – en observant : »Qu’ai-je à déployer en moi ? Comment puis-je m’ouvrir, dans mon vécu ici et maintenant, afin de me rapprocher de cette félicité ? Ananda qui lorsque je la goûte est là pour toujours. »

….

Merci infiniment pour ces temps précieux partagés

De tout coeur,

Meerabaï